27/06/2011
Suboko's first album
Suboko CD review : Joseph Ghosn
Je suis dans les spirales de Suboko
Un disque, ça s’apprivoise lentement. Parfois, ça s’achète sur un coup de tête, la foi d’une pochette, d’un premier contact, très visuel. J’ai acheté celui-ci, Percussion & Other du groupe Suboko, lors de ma deuxième rencontre avec lui. On m’a dit qu’il s’agissait d’un disque de percussions dû à un trio de batteurs A regarder de très près la pochette, on y décèle la matière d’une cymbale en spirale. Un disque de batteries, de percussions ? L’un des rares du genre que j’aime vraiment, c’est celui de Milford Graves sur ESP, mais que je n’ai pas remis sur la platine depuis longtemps. J’en conserve un souvenir très atmosphérique et tellurique à la fois. Alors, voilà, je me demandais même si j’allais écouter cet album de Suboko, si je ne préfèrerais pas l’imaginer en n’en connaissant que sa pochette à l’organique sale, presque dégueulasse. Et puis, voilà, un soir, le dressage de l’un et de l’autre débute : le CD glissé dans le lecteur et la musique arrive pour tout chavirer : une longue musique de plainte sonore, portée par un bruit d’orgue lointain, des ricochets et des envolées de cornes, de métal, d’os et de cuivres. La pochette n’était pas un leurre : le disque est une spirale aspirante, qui happe au milieu du corps et de l’écoute pour faire surgir des instantanés de puissance sonore. Il y a là quelque chose de très puissant, tenu et décidé, obtus presque, comme un disque de free jazz enregistré par des musiciens qui auraient au préalable décidé de jouer dans le même sens, à l’intérieur d’un seul et même sillon, creusé à l’envi, jusqu’au sang, au souffle coupé. Au milieu, le disque se perd un peu, me perd un peu, mais il retrouve sur ces deux derniers morceaux la même vitalité fougueuse qui animait les deux ou trois premiers. Un entrain pareil mériterait une plus belle place, au centre d’un soleil tout noir. Ce disque date de 2009, je crois. Mais il pourrait tout aussi bien être né en 1969 ou 2010, en 1958 ou 1981 : il est en utopie, sans date de validité ni de péremption.
Suboko CD review : Octopus - Jean-Claude Gevrey
Contrairement à ce qu’évoque son nom, le label strasbourgeois Ritte Ritte Ross ne fait pas dans la comptine
germanophone. Deuxième référence à son catalogue (si toutefois il en existe vraiment une première), le disque de Suboko s’inscrit d’avantage dans un lignage industriel ténébreux bordant sur l’improvisation
électroacoustique. A essayer de deviner qui se cache derrière ce projet, les notes de pochettes s’avèrent particulièrement inutiles. Si l’on apprécie de savoir que des rapaces sont en charge du mixage et du
mastering (faucon nocturne, aigle noir), il faut aller traquer sur Internet l’identité des membres du groupe. Sous les sobriquets de Bouto, Gully et Regreb se dissimulent vraisemblablement Nicolas
Boutines (DJ et multi-instrumentiste réconciliateur de genres), PascalGully (batteur du quartet klezmer-jazz-funk Zakarya) et Laurent Berger (occupant une fonction similaire mais au sein des plus expérimentaux
Sun Plexus) ; tous percussionnistes à des degrés divers et chacun rentrant difficilement dans une case stylistique bien définie. A l’arsenal de peaux et de métal viennent donc se joindre électronique,
platines et objets divers pour former l’enchevêtrement sonore qui nous est donné à entendre. Bruissements sidérurgiques omniprésents, lointaines atmosphères orageuses, drones gutturaux, bruit de fond qui
devient tension de surface forment la matière première du trio qui n’hésite pas à fourrer le tout de quelques bribes orchestrales quand il ne cède pas à la tentation du martellement mécanique ("Loo"), de la
débauche d’énergie free rock ("Kazemat") ou de l’affectation électro-gothique ("Tarare"). Intéressante mixture où convergent différents parcours, la musique de Suboko propose une recette alsacienne de dark ambient qui ne pédale pas dans la choucroute.
Suboko CD review : Ad Noiseam
Quite profound and dark début (I believe) for Suboko, who present here an album which, under its relatively academic appearances, should appeal to fans of electroaccoustic and of dark ambient-ish noise alike. Based (as everybody will have assumed) on percussions, drones and noises, this album ranges from a Z'ev-ian game of drums and beats to more atmospheric, Cold Meat Industry-like deep soundscapes. Well done, and coming in a nice packaging.
Suboko CD review : Toolbox
Ambient Industrial jazz thing... Close to the tonotopie and some rare musical thing. Iit might seems a bit intellectual but is is not. It's just because it's confidential, very personal... To be listened alone in the dark. Mental.
Suboko CD review : Gummigumi
Dans le fond, le décor est ici juste posé. Pas de dessin gravé pour guider, par de message surligné pour orienter. La musique de Suboko (trio de batteurs ne jouant pas de batterie né en 2005) est une hypothèse. Evidente ou transparente selon le jour, selon l'humeur. Un palais des glaces plongé dans le noir. C'est qu'ici le brasier est interne, dans les âmes . D'un bout à l'autre de ce premier album pour le label strasbourgeois Ritte Ritte Ross, les rythmiques creusent de façon progressive et inéluctable une saignée dans une terre sillonnée par des sonorités aussi bruyantes que bourdonnantes. Le vent souffle, les vagues mugissent, les orgues de brume comptent l'histoire de spectres déchus. Des bruits sourds de résonance métallique, des percussions tombant comme des giboulées, des guitares grésillant de colère, des apparitions divines classiques surgissant de l'obscurité. La musique de Suboko propose une véritable transe rituelle ciselée de tension latente où chaque seconde semble receler un danger ou une échappatoire, entre Swans, Sunn o)), John Zorn, Bill Laswell, Radian et Einsturzende Neubauten.
'Suboko est né en 2005 sur l'idée dissipée de fabriquer un trio de batteurs ne jouant pas de batterie. Tout ça commence bien. Mon premier s'échappe temporairement de la camisole bruyante d'une secte analcore roumaine perdue en territoire oriental français depuis une quinzaine d'année, mon second remise provisoirement ses dubplates fauchées dans les balloches de Detroit et ses livres de sorcellerie au fond de son laboratoire clandestin, et mon troisième se libère exceptionnellement des notes bleues en ne gardant que le pinot noir et la bonne humeur à toute épreuve de ses multiples orchestres be-bop. Suboko s'est construit doucement un véhicule tout terrain à partir de multiples percussions résonnantes, de ferraille rouillée, d'objets recyclés, de platines tournantes, d'électronique pertubatoire et de vieilles cassettes de vacances. L'électro-encéphalogramme trempé dans d'improbables séries Z soviétiques, de ridicules règlements de compte entre cowboys calabrais ou de faux road movies polytoxicomanes en banlieue urbaine, Suboko improvise de curieuses figures sonores en déboulant dans des tunnels à fond les gamelles ou en avançant au pas sur des sables mouvants, ou alors en loupant des virages en épingle pour changer subitement de direction et faire du surplace sur des lacs gelés. Lors de son dernier séjour dans un studio d'enregistrement, le trio utilise des fragments de longues improvisations pour proposer une série de plans séquences les éloignant de leur comportement en concert afin de se glisser à l'intérieur d'un climatiseur dégageant des émanations de musique contemporaine perturbés de flatulences gothico-industrielles. Entre l'apnée prolongée et le défoulement désordonné, entre l'horizontalité engourdie et le pilonnage aveugle, Suboko cherche obstinément à faire résonner son outillage comme un terrain vague où tout et n'importe quoi pourrait être permis.'
Suboko CD review : Bohumil S.Thompson for Nextclues
Percussions et autre. L'autre recouvrant beaucoup de bidouilles électronicoacousmaticacoustiques. Atmosphère hantée, montées à la limite de la musique contemporaine, angoisses et freetures en roue libre. Malgré tout de l'espace, des respirations, des larsens, des chutes libres, des ambiances calmes et étranges. De l'improvisation bien menée, qui s'éloigne des sentiers battus sans partir en roulade en rase campagne.
Forcément pas pour toutes les oreilles.
(8/10)
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